COLLECTION « NON LICET OMNIBUS ADIRE CORINTHUM »

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Sauf mentions contraires (copyright – ©) la substance du corps des textes de cette collection
relève du « domaine public », mais n'en relèvent pas nécessairement les éditions que nous en proposons, non plus que certains des textes annexes les commentant, certaines préfaces ou postfaces, par exemple
.


ESSAIS, RÉCITS, ROMANS…


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  • LISTE DES AUTEURS DES TEXTES DE LA COLLECTION (NON LICET OMNIBUS ADIRE CORINTHUM)


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  • LISTE DES TITRES DES TEXTES DE LA COLLECTION (NON LICET OMNIBUS ADIRE CORINTHUM)


    Une appréciation, toute subjective, concernant l'attrait de chacun des textes proposés figure dans les rubriques ci-dessous. Plus notre jugement (noté par une ou plusieurs croix) est favorable, plus le nombre de croix est important.

    ESSAIS — (+++++) —

    Ovide fut l'un des plus brillants auteurs latins du siècle d'Auguste. Ovide naquit à Sulmone (Sulmona, dans les Abruzzes) en - 43, et mourut en exil (en fait frappé, en l'an 8 de notre ère, d'une mesure de relégation à vie, sans confiscation de ses biens par un édit impérial) à Tomes (Tomis ; probablement dans une île dont il était propriétaire ; Insula Ovidiu, de nos jours dans une lagune isolée de la mer Noire par un cordon littoral ; à proximité de Constanta, en actuelle Roumanie, anciennement pays peuplé par les Gètes — aussi nommés Goths—) en 17 ou 18 de notre ère.

    La ou les raisons de l'exil (la relégation) d'Ovide par Octave Auguste demeurent énigmatiques. Selon une hypothèse, l'empereur, le prude Octave, aurait été grandement contrarié par la hardiesse de certains passages de L'Art d'aimer


    « Un jour, comme elle se promenait à travers les splendeurs futures de son empire illimité, la grande impératrice Catherine découvrit, parmi des ruines, une tombe abandonnée ; et, rêveuse, elle voulut savoir qui donc reposait sous ces broussailles ? On lui répondit que c'était un poëte, un Romain, dont le nom était oublié. Mais elle était femme ; elle était l'amie et le disciple de Voltaire ; elle savait l'histoire de son empire ; et, sur cette pierre usée par le temps, elle devina le nom d'Ovide. Alors, au milieu de ce triomphe à travers les déserts, on vit une larme mouiller les yeux de cette femme qui ne pleurait guère. O louange suprême ! larme éloquente et doublement glorieuse !

    « C'est ainsi qu'à dix-huit siècles de distance, la souveraine absolue a lavé la faute de ce maître absolu, Auguste empereur. »

    (In : Ovide et la Poésie amoureuse par Jules Janin — Ovide (Publius Ovidius Naso). Les Amours d'Ovide. L'Art d'aimer. Les Cosmétiques. Traduction de MM. J. Mangeard et Héguin de Guerle. Suivis d'Imitations d'Ovide par Régnier et précédés d'une étude sur Ovide et la Poésie amoureuse par Jules Janin. Paris : Garnier Frères, libraires-éditeurs, 1894. P. CXV).


    Citons maintenant quelques extraits de l'ouvrage que nous vous proposons ici de lire, ou de parcourir, et qui donnent tant de conseils demeurant toujours judicieux et toujours pertinents aux dames, ou aux messieurs, aux personnes d'un sexe ou de l'autre souhaitant mieux connaître l'autre, mieux se comporter à l'égard de l'autre, rencontrer plus de succès auprès du beau sexe, plus de succès auprès du sexe prétendument fort :

    « Ce n'est point aux riches que je viens enseigner l'art d'aimer : celui qui donne n'a pas besoin de mes leçons. Il a toujours assez d'esprit, s'il peut dire, quand il lui plaît : Acceptez ceci. Je lui cède le pas : ses moyens de plaire sont plus puissants que les miens. Je suis le poëte du pauvre, parce que, pauvre moi-même, j'ai aimé. A défaut de présents, je payais mes maîtresses en belles paroles. Le pauvre doit être circonspect dans ses amours ; le pauvre ne doit se permettre aucune invective ; il doit endurer bien des choses qu'un amant riche ne souffrirait pas. Je me souviens d'avoir, dans un moment de colère, mis en désordre la chevelure de ma maîtresse. Combien cet emportement m'enleva de beaux jours ! Je ne crois pas, et je ne m'aperçus point que j'eusse déchiré sa robe ; mais elle le prétendit, et je fus obligé de la remplacer à mes frais. 0 vous plus sages que votre maître, évitez ses fautes, ou craignez comme lui d'en porter la peine. Faites la guerre aux Parthes, mais soyez en paix avec votre amie ; ayez recours à l'agréable badinage et à tout ce qui peut exciter l'amour. » (p. 214-215)

    « Mais reprenons notre course, et, pour que notre barque fatiguée touche enfin au port, laissons les exemples et parlons sans détours. Vous attendez sans doute que je vous conduise aux festins, et, à ce sujet, vous désirez encore recevoir mes leçons. Venez-y tard, et ne vous montrez pas avec toutes vos grâces, avant que les flambeaux soient allumés. L'attente plaît à Vénus ; l'attente donne un bien plus grand prix à vos charmes Fussiez-vous laide, vous paraîtrez belle à des yeux troublés par le vin, et la nuit jettera son voile sur vos imperfections. Prenez les mets du bout des doigts : savoir manger est aussi un art : gardez que votre main mal essuyée ne laisse de sales empreintes autour de votre bouche. Ne mangez pas chez vous avant le repas ; mais, quand vous serez à table, sachez vous modérer, et mangez un peu moins que vous n'en auriez envie. Si le fils de Priam eût vu Hélène montrer un appétit glouton, il l'eût prise en haine ; il eût dit : « Quel sot enlèvement j'ai fait là ! » Il siérait mieux à une jeune femme de se permettre un peu d'excès dans le boire ; le fils de Vénus et Bacchus s'accordent assez bien ensemble. Ne buvez cependant qu'autant que peut le supporter votre tête ; conservez l'usage de votre esprit et de vos pieds ; et ne voyez jamais doubles les objets simples de leur nature. C'est un honteux spectacle que relui d'une femme plongée dans l'ivresse ; elle mérite, en cet état, d'être livrée aux caresses du premier venu. Elle ne peut non plus, une fois à table, se livrer sans danger au sommeil. Le sommeil favorise alors des excès qui outragent la pudeur.

    « J'ai honte de poursuivre ; mais la belle Dionée m'encourage :

    « « Ce que tu rougis d'enseigner, me dit-elle, c'est ce que mon culte a de plus important. » Que chaque femme apprenne donc à se connaître, et se présente aux amoureux combats dans l'attitude la plus favorable. La même posture ne convient pas à toutes. Que celle qui brille par les attraits du visage, s'étende sur le dos ; que celle qui s'enorgueillit de sa crcupe élégante, en offre à nos yeux toutes les richesses. Mélanion portait sur ses épaules les jambes d'Atalante : si les vôtres ont la même beauté, placez-les de la même manière. Si vous êtes de petite taille, que votre amant fasse l'office de coursier ; jamais Andromaque à la haute stature ne prit ceiie position avec Hector. Celle qui est remarquable par sa longue taille doit appuyer ses genoux sur le lit, la tête légèrement inclinée. Si vos cuisses ont tout le charme de la jeunesse, si votre gorge est sans défaut, que votre amant, debout, vous voie obliquement étendue devant lui. Ne rougissez pas de délier votre chevelure comme une bacchante thessalienne, et de la laisser flotter éparse sur vos épaules. Si les travaux de Lucine ont sillonné de rides votre flanc, telle que le Parthe agile, combattez en tournant le dos. Vénus a mille manières de prendre ses ébats ; mais la plus simple, la moins fatigante pour vous, c'est de rester à demi penchée sur le côté droit.

    « Jamais les trépieds de Phébus, jamais Jupiter Ammon n'ont rendu d'oracles plus sûrs que les vérités chantées par ma muse. Si l'art dont j'ai fait une longue étude mérite quelque confiance, croyez-moi, mes leçons ne vous tromperont pas. Femmes, que le plaisir circule jusque dans la moelle de vos os, et que la jouissance soit également partagée entre vous et votre amant ; qu'elle s'exhale en tendres paroles, en doux murmures ; que les propos licencieux aiguillonnent vos doux ébats. Et toi, à qui la nature a refusé la sensation du plaisir, que ta bouche du moins, par un doux mensonge, dise que tu l'éprouves. Malheureuse est la femme chez laquelle reste insensible et engourdi cet organe qui doit procurer à l'un et à l'autre sexe les mêmra voluptés. Mais, lorsque vous feindrez ainsi, n'allez pas vous trahir ; que vos mouvements et vos yeux aident à nous tromper ; que votre voix entrecoupée, que votre respiration haletante, ajoutent à l'illusion. 0 honte ! la source du plaisir a donc ses secrets et ses mystères ! La femme qui, en sortant des bras de son amant, ose lui demander le prix de ses faveurs, doit s'attendre à voir ses prières mal accueillies. Gardez-vous de laisser pénétrer dans votre chambre à coucher une clarté trop vive : il est dans une belle bien des choses qui gagnent à n'être vues qu'au demi-jour.

    « J'ai terminé mon galant badinage : dételons, il en est temps, les cygnes qui ont traîné mon char. Et maintenant, mes belles écolières, comme l'ont fait naguère vos jeunes amants, inscrivez sur vos trophées : Ovide fut notre maître. » (p.284-287).

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    ESSAI — (+++++) —

    Mirabeau fut un érudit, un homme de lettre, un homme politique. Il rédigea, outre une correspondance d'importance, différents ouvrages parmi lesquels un Essai sur le despotisme, et, notamment, un Essai sur les lettres de cachet, ou encore La Monarchie prussienne.

    Une réplique cinglante que Mirabeau adressa à un représentant du roi lui valut une célébrité extraordinaire : « Répudié par la noblesse de Provence lors de l'élection aux États-généraux de 1789, il se fit élire député du tiers-état à Aix. Dès l'origine il publia le Courrier de Provence, résumé des débats de l'Assemblée, 1789-1791, et prit son rang dans la fameuse séance du 23 juin, où il adressa à M. de Brézé l'apostrophe qui se termine, selon le Moniteur, par ces mots : « Nous ne quitterons nos places que par la puissance des baïonnettes. » » ; in : GRÉGOIRE, Louis. Dictionnaire encyclopédique d'histoire, de biographie, de mythologie et de géogrpaphie. Paris : Garnier Frères, libraires-éditeurs, 1875. IV et 2074 p. ; et 77 p. (supplément). P. 1353 (col. 1).

    Dans son Erotika Biblion Mirabeau dissèque les façons d'être et de se comporter relativement à la question sexuelle, mais aussi à la question du genre dans une certaine mesure, des Anciens, Latins, Grecs, Hébreux, au travers des textes qu'ils nous ont laissés, et s'interroge et interpèle le lecteur au sujet des thèmes que, quelque peu provocateurs parfois à l'égard d'un certain public, il soulève.

    L'Erotika Biblion (texte rédigé en captivité probablement lors des années 1779-1780) fut publiée pour la première fois en 1783. La lecture de ce texte se révèle souvent exigeante pour le lecteur moderne peu familiarisé avec les textes des auteurs de l'Antiquité, aussi conviendra-t-il sûrement que ce lecteur n'hésite pas à consulter les abondantes et particulièrement éclairantes et enrichissantes notes figurant en fin de volume (à partir de la p. 162, jusqu'à la p. 275 ; la Table des matières et la Table des notes permettent de s'orienter au besoin rapidement au sein de l'ouvrage).


    Pour conclure cette courte présentation de l'ouvrage, voici un extrait (p. VII, VIII de l'édition de l'Erotika Biblion que nous vous proposons ici) de la Notice bibliographique rédigée par le Chevalier de Katrix :

    «  […] Sa maîtresse enceinte fut déposée dans une maison de retraite de Paris, tandis que lui-même était enfermé au donjon de Vincennes, où il resta quarante-deux mois.

    « L'espèce de charme que savait exercer Mirabeau agit cette fois encore, et sur qui ? sur un magistrat peu facile cependant, le Lieutenant Général de Police Lenoir, qui le laissa correspondre avec Mme de Monnier, à condition que les lettres passeraient sous ses yeux et retourneraient à son secrétariat. Cette volumineuse correspondance, qui fut publiée, en 1792, en 4 volumes in-8°, ne suffit point à distraire cette imagination ardente, pendant cette longue captivité. Indépendamment des nombreuses traductions qu'il fit, dans sa prison, pour sa maîtresse, telles que celles de Boccace, de Tibulle, des Baisers de Jean Second, il produisit encore plusieurs ouvrages en des genres très différents, tels, par exemple, que Les Lettres de Cachet et Ma Conversion.

    « Or, parmi les livres que recevait Mirabeau, se trouvait la Bible : « Avec les rognures des commentaires de Don Calmet, dit un de ses biographes, il composa l'Erotika Biblion, recueil de gravelures, où sont signalés les écarts de l'amour physique chez les différents peuples anciens, et particulièrement chez les Juifs, et dans lequel, du moins, l'originalité compense l'obscénité de la matière. »

    « On peut, sans crainte d'inexactitude, affirmer que ce fut en 1779 et 1780 que Mirabeau composa cette production extraordinaire, qu'il a lui-même jugée dans une lettre du 21 septembre 1780, dont on trouvera plus loin un extrait. (Voir p. XXIX.) On pourrait peut-être dire aussi sans trop de témérité que les privations de toutes sortes qu'endura l'auteur pendant cette incarcération de trois années et demie, ne furent pas sans influence, vu son tempérament passionné, sur le choix qu'il fit d'un sujet si singulier, traité avec une si scabreuse érudition. […] »

    Voici l'extrait évoqué ci-dessus de la lettre « du 21 septembre 1780 » (p. XXIX de la préface) :

    « […]

    « Telle est l'analyse succincte et rapide que nous a inspiré la lecture d'un ouvrage que la timidité des bibliophiles, ou peut-être l'ignorance de quelques-un d'entre eux avait laissé enseveli dans la poussière des cabinets ; d'un ouvrage que Mirabeau lui-même a si bien jugé dans la lettre qu'il écrivait à Mme de Monnier, le 21 septembre 1780.

    « « Je comptais t'envoyer aujourd'hui, ma minette bonne, un nouveau manuscrit, très singulier, qu'a fait ton infatigable ami ; mais la copie que je destine au libraire de M. B…. n'est pas finie…. Il t'amusera ; ce sont des sujets bien plaisants, traités avec un sérieux non moins grotesque, mais très décent. Crois-tu que l'on pourrait faire dans la Bible et l'antiquité, des recherches sur l'Onanisme, la Tribaderie, etc., etc. ; enfin sur les matières les plus scabreuses qu'aient traitées les casuistes, et rendre tout cela lisible, même au collet le plus monté, et parsemé d'idées assez philosophique ? » » (sic)…

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  • Auteur : Vatsyayana.
  • ESSAI — (+++++) —

    Ci-dessous, vous trouverez, en guise de présentation de l'ouvrage que nous vous proposons de lire, des extraits de son Introduction, de son Avant-propos.

    Extrait ; p. XXVI-XXVII :

    « […] « LITTÉRATURE EROTIQUE DE L'INDE. — SON ROLE RELIGIEUX ET POLITIQUE. — LE KAMA-SOUTRA OU L'ART D'AIMER DE VATSYAYANA. — PLAN DE CET OUVRAGE

    « […]

    « Nous avons vu les Brahmes introduire l'érotisme le plus réaliste dans le culte, dans la religion et dans les livres qui en font partie intégrante, comme les Pouranas, les Tantras, les catéchismes des Saktis, etc. Ils s'en étaient servi, bien avant la venue de Bouddha, pour captiver les populations sujettes et les rallier à leur cause dans leurs luttes contre les Kchattrias. Le bouddhisme conquit l'Inde si complètement que les Brahmes presque partout furent délaissés ; la plupart durent, pour vivre, recourir à tous les métiers que Manou leur permet dans les temps de détresse. ils avaient la persistance et l'habileté des aristocraties héréditaires. Gens essentiellement pratiques et aptes aux affaires, juristes, financiers, administrateurs, diplomates, au besoin soldats et généraux, dialecticiens vigoureux, subtils, polémistes sans scrupules, poètes élégants, ingénieux et quelquefois pleins d'éclat et de génie, ils se rendirent indispensables aux princes et aux grands par les services qu'eux seuls savaient leur rendre, et gagnèrent leur faveur par l'agrément de leur esprit et de leurs talents et par la souplesse de leur caractère. En même temps qu'ils développaient dans les masses le vichnouvisme ou plutôt la religion de Krishna que le Bouddha avait condamnée, ils produisaient beaucoup d'œuvres remarquables. Ils ennoblissaient par de grandes épopées et popularisaient par des légendes écrites les dieux et les héros. Restés les seuls héritiers du genre Aryen dans l'Inde et possédant dans la langue sanscrite un admirable instrument pour la poésie et la philosophie (a), renouvelèrent tout : hymnes, poèmes épiques, sèmeo thé, codes de lois. Ce fut une véritable renaissance. Des rois, amis de l'ancienne littérature, tinrent à leur cour des Académies de poètes aimables et de beaux esprits qu'ils payaient fort cher. On y improvisait des vers et jusqu'à des madrigaux et des épigrammes. Parmi ces poètes, on cite Kalidaça, l'auteur du drame si admiré de Çakountala. Commencé avant l'ère chrétienne, ce mouvement littéraire se continua jusqu'à la conquête musulmane. Cette littérature des Brahmes plaisait beaucoup plus que la soporifique et nuageuse métaphysique des Bouddhistes. La faveur des princes les aidait à écraser leurs adversaires. Ils achevèrent de se la concilier en ayant pour leur usage et pour celui de ce qu'on appellerait aujourd'hui la haute société et la bonne compagnie et pour eux-mêmes, en ce qui concerne les plaisirs charnels, une morale des plus faciles. Les règles ont été tracées par Vatsyayana dans le Kama-Soutra traité de l'amour (art d'aimer), qui est considéré comme le chef-d'œuvre et le code sur la matière.

    « Ce livre doit être rattaché à la renaissance brahmanique ; il a été écrit pendant la lutte entre les brahmes et les bouddhistes, puisqu'il défend aux épouses de fréquenter les mendiantes bouddhistes (on sait que les religieuses bouddhistes étaient mendiantes). »

    NOTE (a) DU BAS DE LA PAGE XXVII :

    « (a) Ce mouvement extraordinaire suivit de près l'invention et l'adoption de l'écriture sanscrite qui servirent à la fois au Bouddhisme et à la renaissance brahmanique, de même que la découverte de l'imprimerie favorisa le développement de la Réforme et de la Renaissance. »

    Extrait ; p. XXIX-XXXI :

    « […]

    « L'Art d'Aimer, de Vatsyayana, se distingue de tous ces écrits par son caractère et sa forme exclusivement didactiques. Chacune de ses parties forme un catéchisme : catéchisme des rapports sexuels sous toutes les formes et du fleurtage pour les deux sexes ; catéchisme des épouses et du harem ; de la séduction et du courtage d'amour ; et enfin catéchisme des courtisanes. C'est un document historique précieux, car il nous initie de la manière la plus intime aux mœurs de la haute société hindoue de l'époque (il y a environ 2,000 ans) et aux conseils de plaisir et de duplicité des Brahmes.

    « La curiosité qu'éveille le fonds ne suffirait peut être pas à faire supporter la sécheresse de la forme, si le lecteur était strictement limité aux leçons de Vatsyayana ; pour éviter cet écueil on a mis à la suite de chacune d'elles, dans un appendice au chapitre qui la contient, les équivalents ou les correspondants de la morale payenne qui se trouvent dans les poètes , les seuls docteurs ès-mœurs de l'antiquité payenne ; on a cité aussi quelques poètes hindous et deux morceaux concernant les Chinois. On a complété chaque appendice par la morale Iranienne, soit la morale chrétienne empruntée à la Théologie morale du père Gury, en se bornant à un petit nombre d'articles accompagnés quelquefois de renseignements physiologiques.

    « Ce rapprochement des textes divers se rapportant respectivement à chaque sujet, permet au lecteur de se faire une idée relative très exacte des trois morales sur chaque point traité.

    « Celle que notre raison préfère est évidemment la morale Iranienne socialement le plus recommandable, source des plaisirs les plus purs et, par cela même, peut-être les plus grands, parce que le cœur y entre pour une forte part.

    « La morale du Paganisme nous séduit par sa facilité, par l'art et la poésie qui l'accompagnent ; mais, à la réflexion, nous sommes frappés d'une supériorité de l'Art d'Aimer de Vatsyayana sur celui des poètes latins. Ceux-ci ne chantent que la volupté, le plaisir égoïste, et souvent le libertinage grossier d'une jeunesse habituée à la brutalité des camps. Vatsyayana donne pour but aux efforts de l'homme la satisfaction de la femme. C'est déjà, indépendamment même de la procréation, un point de vue altruiste par comparaison avec celui auquel se plaçaient les rudes enfants de Romulus, tels que nous les ont dépeints Catulle, Tibulle et Juvénal. On sait que ce dernier commence sa satyre sur les femmes de son temps par le conseil de prendre un mignon plutôt qu'une épouse pour laquelle il faudrait se fatiguer les flancs. La philopédie (φιλοπαιδια) était plus en honneur à Rome que le mariage ; elle était inconnue à l'Inde brahmanique ; Vatsyayana n'en fait même pas mention.

    « Un autre avantage des Indiens sur les Romains, c'était la décence extérieure dans les rapports entre les deux sexes. Les bonnes castes de l'Inde n'ont jamais rien connu qui ressemble à l'orgie romaine sous les Césars et au cynisme de Caligula.

    « Dans l'antiquité, une intrigue amoureuse n'était point une affaire de cœur. Pas plus chez les Indiens que chez les Romains, on ne trouve dans l'amour ce que nous appelons la tendresse; c'est là un sentiment tout moderne et qui prête à nos poètes élégiaques, tels que Parny, André Chénier, etc., un charme que n'ont point les Latins. Properce est le seul qui approche de la délicatesse moderne.

    « Mais la dureté romaine se retrouvait jusque dans la galanterie, Les jeunes Romains maltraitaient leurs maîtresses. Au cirque, on représentait des scènes mythologiques où le meurtre, non point simulé, mais bien réel, se mêlait à l'amour quelquefois bestial, et où souvent ont figuré Tibère et Néron.

    « Au contraire, l'Inde obéit à ce précepte : « Ne frappez point une femme, même avec une fleur. »

    « Nous rappellerons enfin que, dans l'Inde, l'amour est au service de la religion, tandis qu'à Rome la religion (le culte de Vénus par exemple) était au service de l'amour comme de la politique.

    « L'érotisme joue un grand rôle dans toutes les fêtes religieuses des Hindous, il en est pour eux le principal attrait.

    « Tels sont les contrastes que notre travail fait ressortir et ils ne sont pas sans intérêt pour la science des religions. »


    Afin de permettre d'en apprendre un peu plus ici sur les (ou le) Kama Sutra (ou Kama Soutra), d'en savoir plus, du moins autant qu'il est possible, sur Vatsyayana lui-même, de compléter quelque peu ce que vous avez pu lire supra, nous vous proposons d'autres extraits, mais ceux-ci d'un autre ouvrage, d'une autre édition des Kama Sutra, en fait d'une réédition des Kama Sutra, selon la traduction en français qu'en fit le célèbre petit éditeur Isidore Liseux depuis la première version en langue anglaise qui fut faite depuis le sanscrit (ou sanskrit) et parue en Inde, à Bénarès en 1883 :

    Extrait de la préface, p. XVII :

    « Après avoir parcouru l'ouvrage hindou et les livres anglais que nous venons de mentionner, le lecteur possédera le sujet, tout au moins sous un point de vue matérialiste, réaliste et pratique. S'il est vrai que toute science soit plus ou moins fondée sur un stratum de faits, il ne peut y avoir de mal à faire connaître à l'humanité en général certaines matières intimement liées avec sa vie privée, domestique et sociale.

    « Hélas ! combien d'hommes et combien de femmes n'ont-ils pas misérablement péri pour les avoir complètement ignorées ! Et cependant il eût suffi d'unelégère connaissance de ce sujet, généralement ignoré des masses, pour faire comprendre à une foule de gens bien des choses qu'ils ont cru incompréhensibles ou indignes de leur attention. »

    In : VATSYAYANA. Les Kama Sutra. Seule édition complète non expurgée des Kama Sutra de Vatsyayana – Manuel d'Érotologie Hindoue rédigé en sanscrit vers le cinquième siècle de l'ère chrétienne – Traduit sur la première version anglaise (BÉNARÈS, 1883) par ISIDORE LISEUX. Paris : Les Éditions Gœrges-Anquetil, 1925. XXV p. et 296 p. P. XVII (Préface).

    Extrait de l'introduction, p. XVIII-XXII :

    « Il peut être intéressant, pour quelques personnes, de savoir comment Vatsyayana a pu enfin être mis en lumière et traduit dans la langue anglaise. Voici les faits. En traduisant avec les pandits l'Anunga runga, ou le Stage d'Arnour, on trouva qu'il y était souvent parlé d'un certain Vatsya. « Le sage Vatsya était de cet avis, ou de cet autre. Le sage Vatsya dit ceci », etc. Naturellement, on demanda quel était ce sage, et les pandits répondirent que Vatsya était l'auteur de l'ouvrage sur l'amour le plus important de la littérature sanscrite, qu'aucune bibliothèque sanscrite n'était complète sans lui, et qu'il était fort difficile aujourd'hui de se le procurer dans son texte intégral. La copie manuscrite trouvée à Bombay était défectueuse, et, en conséquence, les pandits écrivirent à Bénarès, Calcutta et Djeypour, afin d'obtenir communication d'autres copies appartenant aux bibliothèques sanscrites de ces villes. Ces copies obtenues, on s'occupa de les comparer les unes avec les autres, et, avec l'aide d'un Commentaire intitulé Jayamangla, on établit une copie révisée de tout le manuscrit ; c'est d'après cette copie qu'a été faite la traduction anglaise. Voici le certificat du chef des pandits :

    « « Le manuscrit ci-joint a été corrigé par moi, après comparaison de quatre différentes copies de l'ouvrage. Je me suis aidé d'un Commentaire appelé Jayamangla, pour corriger certains passages des cinq premières parties, mais j'ai eu beaucoup de peine à corriger le reste, parce que, à l'exception d'une copie qui était assez correcte, toutes les autres copies fourmillaient de fautes. Toutefois, j'ai considéré comme corrects les passages sur lesquels la majorité des copies se trouvaient d'accord. »

    « Les Aphorismes sur l'Amour, par Vatsyayana, contiennent environ douze cent cinquante slokas ou versets, et sont divisés en parties, les parties en chapitres, et les chapitres en paragraphes. Le tout consiste en sept parties, trente-six chapitres et soixante-quatre paragraphes. On ne sait presque rien de l'auteur. Son nom réel était probablement Mallinaga ou Mrillana, Vatsyayana étant son nom de famille. A la fin de son ouvrage, il s'exprime ainsi sur lui-même :

    « Après avoir lu et médité les ouvrages de Babhravya et d'autres anciens auteurs, et bien examiné le sens des règles par eux édictées, Vatsyayana a composé les Kama Sutra, conformément aux préceptes de la Sainte Ecriture, pour le bénéfice du monde, alors qu'il menait la vie d'un étudiant religieux et qu'il était totalement absorbé dans la contemplation de la Divinité.

    « Cet ouvrage n'a pas été fait pour servir de simple instrument à satisfaire nos désirs. Une personne qui, possédant les vrais principes de cette science, cultive avec soin son « Dharma » (vertu ou mérite religieux), « son Artha » (richesse temporelle) « et son Kama » (jouissance ou plaisir sensuel) « et tient en considération les pratiques du peuple, est sûre d'arriver à maîtriser ses sens.

    « En résumé, une personne intelligente et prudente, qui s'occupe de Dharma et d'Artha, et aussi de Kama, sans devenir l'esclave de ses passions, réussira dans toute chose qu'elle pourra entreprendre. »

    « Il est impossible de fixer une date exacte pour la vie de Vatsyayana ou pour son ouvrage. On suppose qu'il doit avoir vécu entre le premier et le sixième siècles de l'ère chrétienne. En effet, il raconte que Shatakarrni Shatavahana, roi de Kuntal, tua sa femme Malayavati en la frappant, dans un paroxysme d'amour, avec un instrument nommé kartari, et Vatsya cite ce fait pour avertir ses lecteurs du danger de frapper les femmes sous l'influence de cette passion. Or, ce roi de Kuntal passe pour avoir vécu et régné dons le premier siècle après Jésus-Christ, et conséquemment Vatsya doit lui être postérieur. D'un autre côté, Virahamihira, dans le dix-huitième chapitre de son Brihatsanhita, traite de la science d'amour, et paraît avoir fait des emprunts notables à Vatsyayana. Or, Virahamihira vivait, assure-t-on, dans le sixième siècle après Jésus-Christ, et comme Vatsya avait écrit avant lui, c'est entre le premier siècle, au plus tôt, et le sixième siècle, au plus tard, qu'on peut placer la date de son existence.

    « On ne connaît que deux Commentaires du texte des Aphorismes sur l'Amour, de Vatsyayana : l'un, appelé Jayamangla, ou Sutrabashya, et l'autre Sutra vritti. Le Jayamangla paraît avoir été composé entre le dixième et le treizième siècles, car, en traitant des soixante-quatre arts, il prend un exemple dans le Kavyaprakasha, qui date du dixième siècle environ. En outre, la copie du Commentaire qu'on a pu se procurer avait été faite évidemment sur un manuscrit appartenant autrefois à la bibliothèque d'un roi Chaulukyan, nommé Vishaladeva ; c'est ce qui résulte de la note suivante à la fin de cette copie :

    « « Ici finit la partie relative à l'art d'amour dans le Commentaire sur les Kama Sutra de Vatsyayana ; lequel a été copié dans la bibliothèque du roi des rois, Vishaladeva, qui était un puissant héros, pour ainsi dire un second Arjuna, et le principal joyau de la famille Chaulukya. »

    « Or, il est notoire que ce roi a régné dans le Guzerate de 1244 à 1262, et qu'il a fondé une ville appelée Visalnagur. C'est donc entre le dixième et le treizième siècles qu'il faut placer la date de ce Commentaire. Son auteur supposé est un certain Yashodhara, auquel son précepteur donne le nom d'Indrapada. Il semble l'avoir écrit dans le temps qu'il déplorait sa séparation d'avec une femme adroite et intelligente : du moins, c'est ce qu'il dit lui-même à la fin de chaque chapitre. On présume qu'il a donné à son ouvrage le nom de sa maîtresse absente, ou que le mot a quelque rapport avec le sens de son nom.

    « Ce Commentaire a été fort utile pour l'explication du texte de Vatsyayana, car le commentateur paraît avoir bien connu les temps où vivait son auteur, et ses renseignements en plusieurs endroits sont très détaillés. On ne peut en dire autant de l'autre Commentaire, appelé Sutra vritti, qui a été écrit vers 1789 par Narsing Shastri, élève d'un certain Sarveshwar Shastri ; ce dernier était un descendant de Bhaskur, comme aussi notre auteur, car, à la fin de chaque partie, il se qualifie de Bhaskur Narsing Shastri. Il composa l'ouvrage sur l'inviation du savant Raja Vrijalala, alors qu'il résidait à Bénarès ; mais ce Commentaire est d'un faible mérite. Dans une foule de cas, l'écrivain ne paraît pas avoir compris le vrai sens de l'auteur original, et il a modifié le texte en beaucoup d'endroits pour le faire cadrer avec ses propres explications. Le lecteur trouvera ci-après une traduction complète du livre de Vatsyayana. Elle a été faite littéralement sur le texte du manuscrit, qu'elle reproduit, on peut l'assurer, avec une entière exactitude. »

    In : VATSYAYANA. Les Kama Sutra. Seule édition complète non expurgée des Kama Sutra de Vatsyayana – Manuel d'Érotologie Hindoue rédigé en sanscrit vers le cinquième siècle de l'ère chrétienne – Traduit sur la première version anglaise (BÉNARÈS, 1883) par ISIDORE LISEUX. Paris : Les Éditions Gœrges-Anquetil, 1925. XXV p. et 296 p. P. XVIII-XXII (Introduction).

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    CONTES — (+++++) —

    Le Décaméron aurait été publié vers 1348-1353.

    « Les cents nouvelles du Décaméron (les dix journées) sont pour la prose italienne ce que Dante et Pétrarque sont pour la poésie. Si les récits bravent souvent la décence, si les peintures sont licencieuses, Boccace n'a fait que rester fidèle aux mœurs de son temps, aux habitudes peu chastes des romanciers, des novellieri du moyen âge ; mais la langue est riche, abondante, harmonieuse ; elle a de la variété et de la grâce ; plusieurs épisodes, comme la nouvelle de Griselidis, sont admirables, et le tableau de la peste de Florence, qui sert d'introduction au Décaméron, est un chef-d'œuvre. »

    In : GRÉGOIRE, Louis. Dictionnaire encyclopédique d'histoire, de biographie, de mythologie et de géogrpaphie. Paris : Garnier Frères, libraires-éditeurs, 1875. IV et 2074 p. ; et 77 p. (supplément). P. 266 (col. 2).

    N. B. : c'est Le Décaméron de Giovanni Boccaccio (1313 - 1375) qui inspira à Geoffrey (ou Godefroy) Chaucer (v.  1328 ou v. 1340 - 1400) les célèbres « Contes de Canterbury » (ou « Contes de Cantorbéry » ; les « Canterbury Tales », vers 1387-1400 — qui semblent composer une œuvre inachevée). Chaucer imita d'autres œuvres de Boccace, notamment Troïlus et Cresséide, aussi La Légende des bonnes femmes.

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  • Auteur : Xxx.
  • CONTES - DRÔLATIQUES AVENTURES — (+++++) —

    Nous citons ci-après le texte du Préambule de notre édition de « Les Aventures de Til Ulespiègle » :

    « Cette édition de « Les Aventures de Til Ulespiègle » reprend le texte  de l'édition qui en fut réalisée par A. Lemerre en 1880. » *

    « Originellement le texte fut rédigé en langue allemande, voilà cinq siècles, environ. « Le texte le plus ancien, dont certains fragments ont été conservés, est intitulé « Ein kurtzweilig Lesen von Dil Ulenspiegel » (une lecture divertissante de Dil Ulenspiegel). Il est probablement paru en 1511, dans le nord de l'Allemagne. La version imprimée complète la plus ancienne date de 1515. Son auteur est inconnu. » **

    « Mais la traduction en français qui en est ici donnée se trouve être celle de Pierre Jannet ; traduction d'une version allemande des aventures de Till l'Espiègle éditée en 1519. »

    « L'existence, lors du Moyen-Âge, de Till l'Espiègle (Til, Till, Thiel, Thil, Dil ou Dyl, etc. ; Ulespiègle, Ulenspiegel, Eulenspiegel, etc.), dénommé dans sa traduction par Pierre Jannet « Til Ulespiègle », est-elle avérée ou ce peut-il, en définitive, que Till ne soit qu'un personnage de fiction, et en quoi ses « aventures » sont-elles si remarquables que l'on continue encore à les publier, et à les lire ? »

    « En ce qui concerne le premier point soulevé ci-dessus, le doute semble permis ; peut-être sera-t-il possible au lecteur de se faire quelque idée sur le sujet en lisant, plus loin dans les pages qui suivent, l'Avertissement que Pierre Jannet éprouva le besoin de rédiger et de placer avant même sa traduction. Quant au second point évoqué, il paraît hautement probable que déjà Rabelais, dès le XVIe siècle même, trouva remarquables, dignes d'intérêt, les aventures de l'énigmatique Till. » ***

     

    « Mais voici, d'ores et déjà, quant à cet espiègle Til, un avis qui paraît raisonnable et autorisé, émanant d'un universitaire suisse, repris dans l'article, déjà cité supra, de la revue Horizons : « […] Alexander Schwartz, […] professeur de linguistique allemande à l'Université de Lausanne, répond aimablement : « Till l'espiègle tend un miroir aux gens, explique-t-il. C'est une figure symbolique et dialectique de la communication humaine. Avec lui, nous aimerions contribuer à une théorie générale de la communication. » […] « Cet humble opuscule est singulier. Et ouvert à un point que l'on retrouve rarement dans les textes écrits depuis », poursuit Alexander Schwartz. Ayant vu le jour peu avant la Réforme, il recèle certes l'une ou l'autre pointe à l'égard des prêtres. Mais les histoires qu'il raconte ne sont ni anticléricales ni hostiles à l'Église. En termes d'idéologie elles sont bizarrement indéfinies. […] Till l'espiègle ne répond pas à la question 'Comment les hommes doivent-ils vivre ?' relève Alexander Schwartz. La seule question à laquelle il fournit une éventuelle réponse, c'est 'À quoi ressemble la vie d'un homme très étrange ?' Si l'espiègle a donc un message, c'est que toute quête de sens finit dans l'absurdité et l'échec, pour autant qu'on la mène avec l'honnêteté et la détermination nécessaires. » ****

    N. B. : nous ne reproduisons pas ici l'ensemble des notes du Préambule cité.

    Notes :

    *«  En ce qui concerne cette édition de 1880 par A. Lemerre de « Les Aventures de Til Ulespiègle », il s'y trouve précisé que les droits en étaient détenus par E. PICARD, le premier éditeur de cette traduction (« Tous droits réservés » E. PICARD) et qu'elle relève d'une « NOUVELLE COLLECTION JANNET-PICARD ». »

    **« HAFNER, Urs. Quand l'évidence perd son sens. Horizons. Le magazine suisse de la recherche scientifique (Fond national suisse de la Recherche scientifique), septembre 2011, n° 90, p. 22 (l'article cité occupe l'intégralité des pages 22 et 23 du numéro d'Horizons ; voici quelle est la présentation de l'article, mise en exergue sous son titre : « Till Eulenspiegel, ou Till l'espiègle, est plus que le bouffon coiffé d'un bonnet de fou. Cette figure anarchique, née voilà cinq siècles, remet en question l'évidence de tout acte de communication »). »

    ***« « […]. Le non moins recommandable Ulenspiegel (Till L'Espiègle), traduit en 1530, eut aussi un rapide succès. Les plaisanteries scatologiques de ce personnage de grande malice, qui ne recule devant aucun mauvais jeu de mots ; les pitoyables tours qu'il n'hésite pas à jouer aux dames ; la succession de saynètes que constituent ses mauvaises actions […] ont fortement influencé les chapitres consacrés à ce sacré pendard de Panurge. » : in : HUCHON, Mireille. Rabelais. Paris : Gallimard, 2011. 429 p. (NRF Biographies). P. 149, 150. »

    ****« HAFNER, Urs. Quand l'évidence perd son sens. Horizons. Le magazine suisse de la recherche scientifique (Fond national suisse de la Recherche scientifique), septembre 2011, n° 90, p. 22, 23. »


    Le symbole devenu habituel de Til l'Espiègle : le miroir et la chouette.

    Citons maintenant un extrait de l'Avertissement (p. 11-13) rédigé par Pierre Jannet qui traduisit le texte de 1519 relatant les aventures du très facétieux et souvent très peu scrupuleux Till l'Espiègle :

    « Qu'est-ce donc que ce livre, qui a été accueilli avec tant de faveur par la plupart des nations de l'Europe ? C'est un recueil d'histoires plus ou moins plaisantes, plus ou moins bien racontées. Il y a des espiègleries dans le sens que nous attachons à ce mot, c'est-à-dire des malices innocentes et qui font rire ; mais on y trouve aussi des tours pendables, des actes inspirés par une méchanceté naturelle et gratuite, qui n'excitent pas la moindre gaîté. Ajoutons que les récits les plus grossièrement orduriers y tiennent une large place.

    « Ces défauts, loin de nuire à l'histoire d'Ulespiègle, ont été, si je ne m'abuse, la cause de son succès. Je ne voudrais pas dire que ce livre est le livre d'une nation, d'une époque ou d'une classe : l'homme est partout le même ; le degré de civilisation diffère seul. Des plaisanteries qui ont pu faire les délices des plus hautes classes de la société chez une nation ou dans une époque encore grossières, trouvent aujourd'hui, dans les classes inférieures, un public qui leur est sympathique, parce qu'il n'a pas encore dépassé le degré de civilisation où les hautes classes étaient parvenues il y a quelques siècles. Au-dessous d'un certain niveau, comme on peut s'en convaincre tous les jours, les qualités de style importe peu. Il n'est pas besoin qu'une histoire soit bien racontée : le drame suffit. Quant à ce levain de perversité qui nous fait trouver une joie maligne dans le spectacle des infortunes d'autrui, il n'est pas aussi particulier aux paysans allemands que l'a cru Gœrres, le célèbre publiciste de Coblentz. À l'égard de ce goût pour les propos orduriers si vivace encore aujourd'hui dans les campagnes, il n'a pas complètement abandonné les grandes villes, où les histoires scatologiques ont conservé le privilège d'exciter une innocente gaîté. Je dis à dessein une innocente gaîté : il ne faut pas, en effet, mettre sur la même ligne les images sales et les images obscènes. Celles-ci doivent être proscrites parce qu'elles sont dangereuses. Les autres sont exemptes d'inconvénients, parce qu'elles ne peuvent pas produire le moindre désordre, provoquer le moindre excès.

    « En somme, l'histoire d'Ulespiègle ne méritait peut-être pas l'immense succès qu'elle a obtenu, et que j'ai essayé d'expliquer sans chercher à le justifier, mais il serait injuste de la condamner à l'oubli. Elle a d'abord ce grand mérite, fort rare dans les vieux livres de facéties, qu'elle est absolument exempte d'obscénité. Puis on y trouve des contes fort agréable, qui , sauf erreur, lui appartiennent en propre pour la plupart.

    « Le principal ressort comique de ce livre, c'est l'affectation que met Ulespiègle à prendre toujours ce qu'on lui dit au pied de la lettre, à faire « selon les paroles, et non selon l'intention. » Cela produit parfois des quiproquo fort réjouissants. »

    N. B. : nous ne reproduisons pas ici la note du bas de la p. 12.

    L'illustration de ce paragraphe est constituée
    d'une reproduction de la gravure de la p. 197 de l'ouvrage,
    figurant l'emblème traditionnel représentant Till l'Espiègle, inspiré de son nom
    et censé avoir fait l'objet d'une inscription, près de l'épitaphe, sur sa pierre tombale
    (« Le mot espiègle a été employé par Ronsard.
    « Ulespiègle est composé de deux mots allemands,
    « Eule, hibou, chouette, et Spiegel, miroir, et signifie Miroir de hibou. » :
    note du bas de la p. 11 — in : « Avertissement du traducteur »).

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    ESSAI - MÉDECINE - SEXUALITÉ - ÉROTISME — (+++) —

    Extrait (p. 7-13) de l'Avertissement de l'ouvrage :

    « On sait que Jean-Henri Meibomius était un savant du dernier siècle, qui s'est rendu célèbre en médecine, par la découverte des nouveaux vaisseaux qui prennent leur chemin vers les paupières, et qu'on a appelés de son nom, conduits de Meibomius. Il fut longtemps professeur de médecine à Helmstadt, sa patrie, et ensuite premier médecin de Lubeck, ville d'Allemagne dans le duché de Holstein.

    « Le petit traité que nous publions est très curieux, et n'est guère connu que de quelques médecins, et d'un petit nombre de gens de lettres. […] ; et pour faire connaître cet ouvrage intéressant et utile aux littérateurs, aux gens du monde et à ceux qui ne sont pas familiers avec le grec et le latin, nous avons entrepris de le traduire, et nous avons accompagné notre version de notes historiques étroitement liées au sujet, d'observations nouvelles puisées dans des auteurs modernes, tels que MM. l'abbé Chappe, de Lignac, Arnaud de Villeneuve et Lémerry, etc., et multipliées au point qu'elles forment, pour ainsi dire, un second ouvrage aussi étendu que celui de Meibomius. Nous avons adouci le mieux qu'il a été possible, des expressions trop libres dans les citations, de manière pourtant à ne pas nuire à la clarté du sujet, dans un ouvrage dont le but est de développer le mécanisme des parties auxquelles l'Être-Suprême a confié l'emploi de la propagation de l'espèce, et d'indiquer les remèdes nécessaires à les rendre capables de s'en acquitter, quand un vice dans les organes ou des excès de volupté ont altéré en elles cette précieuse faculté.

    « Nous renvoyons ceux qui nous accuseraient d'avoir voulu faire l'apologie de la flagellation, à ce qu'ont dit dans les mêmes vues, M. de Bienville, dans l'avant-propos de son excellent traité de la Nymphomanie, pages 4 et 5 ; M. de Lignac, dans l'introduction de son traité de l'amour conjugal, page 19, et M. Tissot dans celle de l'Onanisme, pages 7, 8 et suivantes.

    « Au reste, nous espérons que le plus grand nombre des lecteurs nous saura gré de n'avoir rien négligé pour leur offrir un ouvrage complet.

    « Il y a des écueils inséparables de la matière, et que le traducteur le plus chaste ne peut éviter, s'il veut rendre les pensées de son original ; c'est ce que nous avons éprouvé toutes les fois qu'il a été question de rendre en français les vers libres de Pétronne, Catulle, Tibulle, Ovide, Martial et Apulée. Il fallait donc abandonner le travail ? Non, sans doute : à côté des vers libres, je trouvais des autorités puisées dans les auteurs ecclésiastiques, les livres sacrés et les Pères de l'Église. L'exemple des St-Augustin, des St-Jérôme, des Isidore, des Lactance, des Origène et des Tertullien m'encourageait dans mon entreprise, puisqu'écrivant en langues vivantes, ils n'ont pas cru devoir se taire sur les crimes obscènes, parce qu'on ne peut les désigner sans mots. Au reste, si nous sommes répréhensibles, notre faute est celle de Meibomius, et nous nous justifions entièrement par l'aveu sincère de la faute même, et si c'en est une, nous n'avons eu d'autre motif en traduisant cet ouvrage, que de nous occuper, de nous amuser, et de procurer aux littérateurs et aux gens du monde la connaissance d'un ouvrage que sa rareté leur avait fait perdre, et leur en faciliter l'acquisition à moindres frais.

    « J'ai rassemblé dans l'introduction qui suit, tout ce qui peut servir à l'histoire de la flagellation, en offrant au lecteur un extrait lumineux et discuté de l'ouvrage de l'abbé Boileau sur cette matière : et cette compilation nécessaire à mon ouvrage ne laissera plus rien à désirer. Nous osons avancer que cet extrait, ceux de Brantôme, et l'étendue des notes dont nous avons semé l'ouvrage, dans la vue d'égayer l'aridité du style de Meibomius, ne manqueront pas de rendre ce petit traité aussi intéressant que curieux. »

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  • Auteur : Armand Dubarry.
  • ROMAN — (++) —

    Nous reproduisons ci-dessous l'Avant-propos de l'ouvrage (p. 5-7), exprimant l'opinion, censément sincère, de l'auteur :

    « Les aberrations des sens sont infinies, mais il en est qui forment, pour ainsi dire, le substratum de la folie érotique, et la flagellation se trouve au premier rang de celles-là.

    « D'une haute antiquité, à l'user, la flagellation revêtit un caractère mystique dangereux, et se généralisa à tel point que chacun la pratiqua.

    « Depuis la Révolution Française, qui porta un coup si funeste aux momeries superstitieuses, sans les déraciner, hélas ! elle a perdu sa vigueur, sa force d'expansion, et seuls, les hystériques religieux et certaines catégories de dépravés, de dégénérés s'y adjonnent encore.

    « Ce sont ces derniers, dont il nous a été permis d'examiner, dans les asiles d'aliénés, plusieurs types saisissants, que nous mettons en scène en ce sixième livre des Déséquilibrés de l'Amour.

    « Le mal n'est plus aussi contagieux, aussi grave qu'il l'était aux siècles passés ; cependant il a conservé de la virulence ; l'étude que nous en avons faite, en ne nous laissant aucun doute sur ce point, nous a déterminé à le traiter spécialement, avec les développements du roman.

    « D'ailleurs, la flagellation est un des articles de notre programme.

    « Vue par le petit bout de la lunette, l'humanité n'a ni beauté, ni séduction ; heureusement, tout n'est pas détestable en elle, et cela empêche la désespérance.

    « Nous nous sommes inspiré de cette pensée conforme à la vérité, en écrivant : Les Flagellants.

    « Armand DUBARRY ».

    Armand Dubarry, après une brève carrière d'acteur, de journaliste, et après avoir tenté d'entamer une carrière d'écrivain relativement conventionnelle, se révéla un écrivain prolixe dans le domaine érotique en rédigeant les nombreux ouvrages de la série intitulée « Les déséquilibrés de l'amour ». Ces ouvrages lui permirent bien plus encore que ses essais historiques (La belle-sœur d'un papeVie de Donna Olimpia, etc) ou ses romans coloniaux ou autres, de connaître un certain succès littéraire et de passer à la postérité…

    Un certain nombre des ouvrages d'Armand Dubarry sont aisément accessibles par l'intermédiaire du réseau Internet, notamment sur le site (http://gallica.bnf.fr/) de la B.N.F. (Bibliothèque nationale de France).


    ROMAN — (++) —


    Lorsque, voilà déjà de nombreuses années, nous avions effectué une rapide lecture de « Lourdes amoureuse et mystique », cela, déjà, nous avait évoqué deux visites en la bonne ville de Lourdes, visites effectuées lors de notre jeunesse.

    La première de ces visites eut lieu en un mois juillet, dans les années soixante, pendant les vacances scolaires, alors qu’en compagnie de nos parents nous parcourions les Pyrénées. Sur la vaste « Esplanade du sanctuaire » une personne, fort peu aimable, un « commissaire » membre du service d’ordre, l’une de ces personnes assurant « le fonctionnement technique et l’organisation des cérémonies du Pèlerinage […] », très probablement l’un de ces « bénévoles », peut-être, constituant « durant la durée du pèlerinage l’élément indispensable au service d’ordre afin que malades et pèlerins puissent bénéficier du calme et du recueillement nécessaires à la prière », intima l’ordre à ma mère, qui portait, il faisait chaud, un chemisier à manches courtes, de se couvrir les bras ou de quitter les lieux. Entre les anses de son sac à main elle disposait d’un gilet à manches longues, elle l’enfila alors. À Lourdes, nos parents, notre sœur et nous-même avions déambulé quelques moments dans les rues commerçantes de la cité ; mais à l’occasion de la pérégrination nous ayant conduits jusqu’au sanctuaire lourdais nous ne visitâmes pas la basilique dédiée à Pie-X ni celle dédiée à Notre-Dame-du-Rosaire, mais seulement, peut-être, nous n’en avons pas gardé réelle souvenance, la basilique de l'Immaculée-Conception. Toutefois nous étions nous rendu jusqu’à la grotte de Massabielle ; avant que de nous en retourner, après cette peu enthousiasmante découverte de Lourdes et de son sanctuaire, à Boutx où nous séjournions alors.

    Quelques mois plus tard, lisant la pièce de Molière, « Le Tartuffe — ou L’Imposteur », nous remémorions nous cet épisode, qu’une soixantaine d’années plus tard nous n’avons toujours pas oublié ; nous nous en souvînmes donc, à la lecture de l’altercation, dans la pièce de théâtre, entre les personnages de Tartuffe et de Dorine, une employée de maison de l’hôte hébergeant l’imposteur (acte III, scène II)*.

    La seconde de ces visites en la bonne ville de Lourdes eut lieu, dans les années soixante-dix, à l’occasion d’un pèlerinage militaire auquel nous participions, en compagnie de quelques membres de la compagnie du régiment auquel nous appartenions alors ; notre petit groupe de conscrits était accompagné du capitaine de la compagnie en question.

    L’un de nos souvenirs les plus marquants de cette seconde visite à Lourdes fut celui d’une cérémonie grandiose dans la grandiose basilique Saint-Pie-X où des chœurs aux voix mâles et assurées chantaient une adaptation française de l’Hymne à la joie de Friedrich von Schiller, sur l’air final du quatrième et dernier mouvement de la 9e Symphonie de Ludwig van Beethoven, voix bien servies par une sonorisation très adéquate (« […] Nous voulons d’une âme fière nous forger un grand destin ! […] »).

    Cette basilique lorsque nous y pénétrâmes nous rappela un passage d’un roman de Karl May, un roman que nous avions eu l’occasion de lire quelques années auparavant. Ce passage, du roman intitulé « L’Or fatal », évoquait une grande salle souterraine, une vaste caverne, résultant en fait de la fossilisation d’une tortue géante et enfermant, dissimulé ainsi aux yeux du commun, un trésor inca, une fortune colossale. Découvrant donc de l’intérieur la vaste basilique Saint-Pie-X, nous nous interrogions alors immédiatement sur le coût d’une telle construction et sur les frais nécessaires à son entretien ; l’or des Incas sous la carapace de la tortue évoquée dans le cours du roman y aurait-il suffi ?

    En fait notre mémoire nous avait quelque peu trahi ; après vérification, lors de la rédaction de ce commentaire, nous redécouvrîmes que ledit trésor inca du roman n’était pas caché dans la grotte due à la tortue fossile mais dans une autre caverne et n’était découvert que vers la fin du roman**.

    Un autre souvenir marquant de cette seconde visite à Lourdes, se rapproche davantage de l’un des thèmes du roman d’Armand Dubarry, « Lourdes amoureuse et mystique ». Le soir de notre arrivée à lourdes, après un long voyage, en majeure partie ferroviaire, depuis notre casernement en Alsace, nous dînions avec quelques autres camarades au restaurant de l’hôtel où nous étions hébergés, lorsque l’un d’entre nous nous fit remarquer que notre capitaine, plus loin dans la salle, dînait en compagnie d’une jeune-femme en uniforme, autant que nous pûmes en juger, relativement jolie et bien faite. Nous n’avions pas achevé notre repas, que le capitaine, homme mûr et bien fait de sa personne lui aussi, s’esquivât avec la charmante « P. Fat »***. Nous ne revîmes notre capitaine qu’après le pèlerinage proprement dit, en gare, dans le train, peu avant le départ, peu avant notre retour vers l’Alsace si lointaine…

    NOTES :

    * — Molière. Le Tartuffe ou L’Imposteur. Acte III, scène II :

    « Scène II

    « Tartuffe, Laurent, Dorine.

    « TARTUFFE, apercevant Dorine.
    « Laurent, serrez ma haire avec ma discipline,
    Et priez que toujours le Ciel vous illumine.
    Si l'on vient pour me voir, je vais aux prisonniers
    Des aumônes que j'ai partagé les deniers.

    « DORINE, [à part].
    « Que d'affectation et de forfanterie !

    « TARTUFFE.
    « Que voulez-vous ?

    « DORINE.
    « Vous dire…

    « TARTUFFE. (Il tire un mouchoir de sa poche.)
    « Ah ! mon Dieu ! je vous prie,
    Avant que de parler, prenez-moi ce mouchoir.

    « DORINE.
    « Comment ?

    « TARTUFFE.
    « Couvrez ce sein, que je ne saurais voir.
    Par de pareils objets les âmes sont blessées,
    Et cela fait venir de coupables pensées.

    « DORINE.
    « Vous êtes donc bien tendre à la tentation,
    Et la chair, sur vos sens, fait grande impression ?
    Certes, je ne sais pas quelle chaleur vous monte ;
    Mais à convoiter, moi, je ne suis point si prompte,
    Et je vous verrois nu, du haut jusques en bas,
    Que toute votre peau ne me tenteroit pas.

    « TARTUFFE.
    « Mettez dans vos discours un peu de modestie,
    Ou je vais, sur le champ, vous quitter la partie.

    « DORINE.
    « Non, non ; c'est moi qui vais vous laisser en repos,
    Et je n'ai seulement qu'à vous dire deux mots.
    Madame va venir dans cette salle basse,
    Et d'un mot d'entretien vous demande la grâce.

    « TARTUFFE.
    « Hélas! très volontiers.

    « DORINE, en soi-même.
    « Comme il se radoucit !
    Ma foi, je suis toujours pour ce que j'en ai dit.

    « TARTUFFE.
    « Viendra-t-elle bientôt ?

    « DORINE.
    « Je l'entends, ce me semble.
    Oui, c'est elle en personne, et je vous laisse ensemble. »

    (In : Molière. Le Tartuffe ou L’Imposteur. Paris : Librairie E. Flammarion. MDCCCXCIV [1894]).

    *** — « P. Fat » pour « PFAT »  : une personne relevant du Personnel féminin de l'Armée de terre (PFAT).


    L’intégralité de l’« Avant-propos » de « Lourdes amoureuse & mystique » rédigé par Armand Dubarry est reproduit ci-après :

    « Les mystiques, qui sont presque tous des érotomanes, pullulent de l’Orient à l’Occident et du septentrion au midi, surtout en les pays des grands cultes : du Brahmanisme, du Bouddhisme ou Brahmanisme réformé, de l’Islamisme, du Catholicisme, du Protestantisme ou Catholicisme réformé. La religiosité outrée mène au délire religieux, et ordinairement celui-ci dévie vers l’aberration du sens génétique.

    « Le paradis du romanisme est peuplé d’érotomaniaques, du sexe masculin ou du sexe féminin, qui doivent leur apothéose à leur folie.

    « Le meilleur théâtre, en France, pour présenter les mystiques déséquilibrés de l’amour, très répandus et aussi très dangereux, car leur aliénation est communicative et conduit aux plus exécrables abus de la théocratie, à l’inquisition et à son cortège d’auto-da-fé, à l’oppression, à l’avilissement de la pensée, à la compression, à l’étouffement de la vérité, le meilleur théâtre, en France, pour présenter les mystiques érotiques était incontestablement cette étonnante ville de Lourdes où l’appétit de l’or, la soif du pouvoir ont fait revivre un lambeau de l’obscurantisme du moyen-âge ; aussi est-ce sur ce tremplin alcoolisé, dont nous dévoilons les excentriques dessous, que se déroule aux trois quarts notre drame.

    « Puissent ceux qui liront ce dixième roman de notre série, reconnaître la sûreté de nos informations et l’exactitude des tableaux que nous avons peints à leur intention, d’après nature. »

    « ARMAND DUBARRY. »

    Remarque :

    « … ce dixième roman de notre série »… Se trouve évoquée ainsi une « Série de romans passionnels psychopathologiques », « Les Déséquilibrés de l’Amour », série constituée, notamment, des romans suivants :
    • « Le Fétichiste »
    • « Les Invertis — Le Vice allemand »
    • « L’Hermaphrodite »
    • « L’Hystérique »
    • « Coupeur de Nattes »
    • « Les Flagellants »
    • « Le Vieux et l’amour »
    • « Les Femmes eunuques »
    • «  Mademoiselle Callipyge »
    • « Lourdes amoureuse et mystique »…

    D’autres romans ont étoffé cette série ; à notre connaissance :
    • « L’Abbé écornifleur — L’Inceste » (ou, selon les éditions, « L’Abbé incestueux »)
    • « Le Plaisir sanglant »
    •« L’Amiral Nelson adultère — Amours scandaleuses de l’amiral Nelson avec lady Hamilton »
    • « Le Vampire »…

    Armand Dubarry, journaliste « explorateur », romancier, avait la plume facile, et ses ouvrages se lisent sans déplaisir, et facilement…


    L’Internaute curieux, souhaitant en apprendre plus sur Lourdes, les croyances religieuses, les phénomènes mystiques, ce que ces croyances ou ces phénomènes induisent souvent, sur certains dérèglements du monde clérical, catholique notamment, pourront consulter avec intérêt quelques ouvrages tels que ceux dont nous indiquons ci-dessous les références :

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    POÉSIE - ÉROTISME - BDSM — (+) —

    L'auteur s'inspire ici de certaines pratiques sexuelles (BDSM*), jeux de domination, et de soumission, de certaines pratiques sadiques ou masochistes, consistant en certains jeux de rôles, qui, à ce qui transparaît à travers le texte, se révèlent relativement soft, quoique…

    Sûrement, ce texte, très court, doit-il beaucoup à certaines réminiscences antiques ou moyenâgeuses… Quant à nous qui publions ce texte, il nous évoqua lors de sa première lecture le célèbrissime texte intitulé O Fortuna du recueil des Carmina Burana ** (« Chants de Beuern ») :

    « […]
    nunc per ludum
    dorsum nudum
    fero tui sceleris.
     »

    Nous traduisons ainsi ce court extrait d'O Fortuna :

    « […]
    alors, par (le) jeu,
    mon dos nu,
    j'offre à ta scélératesse. »

    Mais la lecture de Sceptre de jonc nous a rappelé aussi un passage d'un roman que nous avions lu dans notre jeunesse (voilà une quarantaine d'années), roman qu'après de brèves recherches nous avons pu retrouver dans notre bibliothèque, un roman de Frank Gill Slaughter, Le Salaire du péché ***, qui dans son chapitre 3 met en scène une appariton de la reine Jézabel dans le rôle de la déesse Astarté au cours d'une cérémonie cultuelle…

    Notes :

    * — Selon des informations, non vérifiées, non vérifiables peut-être, de très nombreuses personnes (environ 5 %, au moins, de la population [française, européenne, occidentale, mondiale… ?] ; peut-être, cela n'est qu'une hypothèse, ce pourcentage est-il déterminé sur la base [au moyen de quels critères, de quels coefficients… ?], de la clientèle, jugée alors représentative, de certains sites commerciaux de l'Internet vendant des articles utiles aux jeux du lit, aux jeux sexuels ?…) pratiquerait avec une certaine assiduité des activités sexuelles relevant du domaine « BDSM ».

    ** — Carmina Burana. Lateinische und deutsche Lieder und Gedichte einer Handschrift des XIII. Jahrhunderts aus Benedictbeuern auf des K. Bibliothek zu München. Herausgegeben von J. A. Schmeler. Zweite unveränderte Auflage. Breslau : Verlag von Wilhelm Koebner, 1883. X p. et 275 p. P. 2.

    *** — SLAUGHTER, Frank G. Le Salaire du péché. (Titre original : Jezabel). Traduit de l'américain par F. de Bardy. Paris : Presses de la Cité, 1971. (Coll. Presses Pocket). 318 p. P. 48.

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  • Auteur : Xxx.
  • Auteur : John Addington Symonds (traducteur, compilateur, commentateur).
  • N.B. : numérisation : Internet Archive - Microsoft Corporation ; conservation : University of California Library ; téléchargement depuis : archive.org.

    CHANTS ESTUDIANTINS MÉDIÉVAUX EN LATINS - TRADUCTIONS EN VERS ANGLAIS - ESSAI — (+++++) —

    Le musicien allemand Carl Orff (1895-1982), qui composa les Carmina Burana, célèbre cantate qui lui permit d’accéder à une renommée mondiale, prit connaissance des textes qui l’inspirèrent, textes chantés par les chœurs interprétant son poème symphonique, par l’intermédiaire de cet ouvrage (publié en 1884, puis en 1907, à Londres) : « Wine, Women, and Song – Mediæval Latin Students’ Songs – Now first translated into English Verse with an Essay by John Addington Symonds ».

    Les textes de la cantate de Carl Orff sont issus en effet d’un manuscrit médiéval, le Codex Buranus ou Carmina Burana * (Johann Andreas Schmeller [1785-1852], un philologue allemand, intitula « Carmina Burana » ce recueil de textes médiévaux ; titre sous lequel il est maintenant universellement connu — Orff conserva le titre pour sa cantate).

    NOTE :

    * - Le manuscrit (codex Buranus) fut découvert, en l’abbaye de Benediktbeuern (parfois désigné : Benedictbeuern), à Laingruben, dans les Alpes bavaroises, en 1803. En cette année l’abbaye bénédictine était sécularisée ; le codex Buranus était alors confié à la Bibliothèque nationale bavaroise (Bayerische StaatsBibliothek), à Munich (München). Ce codex, assurément la nature des textes le composant explique-t-elle cela, n’était répertorié dans aucun catalogue du monastère.


    Extrait du point III de L’Essay (p. 5-7) :

    « Much has recently been written upon the subject of an abortive Renaissance within the Middle Ages. The centre of it was France, and its period of brilliancy may be roughly defined as the middle and end of the twelfth century. Much, again, has been said about the religious movement in England, which spread to Eastern Europe, and anticipated the Reformation by two centuries before the date of Luther. The songs of the Wandering Students, composed for the most part in the twelfth century, illustrate both of these early efforts after self-emancipation. Uttering the unrestrairied emotions of men attached by a slender tie to the dominant clerical class and diffused over all countries, they bring us face to face with a body of opinion which finds in studied chronicle or laboured dissertation of the period no echo. On the one side, they express that delight in life and physical enjoyment which was a main characteristic of the Renaissance ; on the other, they proclaim that revolt against the corruption of Papal Rome which was the motive-force of the Reformation.

    « Our knowledge of this poetry is derived from two chief sources. One is a MS. of the thirteenth century, which was long preserved in the monastery of Benedictbeuern in Upper Bavaria, and is now at Munich. Richly illuminated with rare and curious illustrations of contemporary manners, it seems to have been compiled for the use of some ecclesiastical prince. This fine codex was edited in 1847 at Stuttgart. The title of the publication is Carmina Burana, and under that designation I shall refer to it. The other is a Harleian MS., written before 1264, which Mr. Thomas Wright collated with other English MSS., and published in 1841 under the name of Latin Poems commonly attributed to Walter Mapes.

    « These two sources have to some extent a common stock of poems, which proves the wide diffusion of the songs in question before the date assignable to the earlier of the two MS. authorities. But while this is so, it must be observed that the Carmina Burana are richer in compositions which form a prelude to the Renaissance ; the English collections, on the other hand, contain a larger number of serious and satirical pieces anticipating the Reformation.

    « Another important set of documents for the study of the subject are the three large works of Edelstand du Méril upon popular Latin poetry ; while the stores at our disposal have been otherwise augmented by occasional publications of German and English scholars, bringing to light numerous scattered specimens of a like description. Of late it has been the fashion in Germany to multiply anthologies of medieval student-songs, intended for companion volumes to the Commersbuch. Among these, one entitled Gaudeamus (Teubner, 2d edition, 1879) deserves honourable mention.

    « It is my purpose to give a short account of what is known about the authors of these verses, to analyse the general characteristics of their art, and to illustrate the theme by copious translations. So far as I am aware, the songs of Wandering Students offer almost absolutely untrodden ground to the English translator ; and this fact may be pleaded in excuse for the large number which I have laid under contribution.

    « In carrying out my plan, I shall confine myself principally, but not strictly, to the Carmina Burana. I wish to keep in view the anticipation of the Renaissance rather than to dwell upon those elements which indicate an early desire for ecclesiastical reform. »

    Ce que nous traduisons ainsi :

    « Il a beaucoup été écrit récemment sur le thème d’une Renaissance avortée au cours du Moyen Âge. C’est en France que se trouvait le foyer de cette Renaissance, et l’époque de son apogée semble pouvoir être estimé, et ce très approximativement, aux environs du milieu ou de la fin du douzième siècle. Beaucoup, répétons-le, a été dit en Angleterre au sujet de cette mutation religieuse qui s'est répandu en Europe de l’Est et anticipa la Réforme, deux siècles avant Luther. Les chants, eux-mêmes, composées pour la plupart au douzième siècle, et le phénomène des Étudiants Errants, leurs auteurs, illustrent les efforts précoces entrepris dans la perspective d’une émancipation individuelle. Exprimant les sentiments irréfrénables d’hommes assujettis par des liens étroits à la classe cléricale dominante, et répandus par toutes les contrées, ces chants nous amènent à faire face à un corpus d’opinions ne trouvant par ailleurs dans l’étude des chroniques ou dissertation de la période aucun écho. D'une part, ils expriment cette délectation à vivre, cette jouissance qui réside dans la satisfaction des injonctions émanant du corps ; d'autre part, ils proclament cette révolte contre la corruption de la Rome papale en laquelle consista la motivation essentielle de la Réforme.

    « Nous connaissons cette poésie par deux sources principales. L’une est un manuscrit du treizième siècle, longtemps préservé dans le monastère de Benedictbeuern en Haute Bavière, et qui maintenant se trouve conservé à Munich. Richement enluminé d’illustrations rares et curieuses à la manière de l’époque, il semble avoir été compilé au bénéfice de quelque prince ecclésiastique. Ce merveilleux codex a été édité en 1847 à Stuttgart. Le titre donné à cette édition est Carmina Burana, et c’est sous cette dénomination que je me référerai à elle. L'autre est un manuscrit de la Harleian Collection, rédigé dès avant 1264, que M. Thomas Wright compila avec d’autres manuscrits anglais, et édita en 1841 sous le titre de Latin Poems commonly attributed to Walter Mapes.

    « Ces deux sources doivent à un même ensemble de poèmes une part essentielle de leur matière, ce qui démontre une large diffusion des chants en question dès avant la date de rédaction du plus ancien des manuscrits faisant ici autorité. S'il en est ainsi il convient, certes, de noter que les Carmina Burana se révèlent plus riches en compositions préludant la Renaissance ; les collections anglaises, en revanche, contiennent un plus grand nombre de pièces sérieuses et satiriques anticipant la Réforme.

    « Un autre ensemble important de documents pour l'étude du sujet sont les trois grandes œuvres d’Édélestand du Méril sur la poésie latine populaire ; tandis que les rayons à notre disposition ont été augmentés de publications occasionnelles d'érudits allemands et anglais mettant en lumière de nombreux spécimens dispersés de types similaires. Ces derniers temps, la mode fut, en Allemagne, de multiplier les anthologies de chants médiévaux d'étudiants, volumes accessoires destinées au commerce du livre. L’un de ceux-ci, intitulé Gaudeamus (Teubner, 2nde édition, 1879) mérite une mention honorable.

    « Mon but est de donner un bref compte-rendu de ce que l'on sait des auteurs de ces vers, d'analyser les caractéristiques générales de leur art, et d’en illustrer le thème par d’éloquentes traductions. Pour autant que je sache, les chants des étudiants errants offrent un terrain presque absolument inexploré au traducteur anglais ; et ce fait peut être invoqué pour excuser le grand nombre de chants dont je me suis saisi.

    « Dans la réalisation de mon plan, je me limiterai principalement, mais pas strictement, aux Carmina Burana. J’ambitionne de ne pas perdre de vue le phénomène d'anticipation de la Renaissance plutôt que de m'attarder sur les éléments qui n’indiquent qu’un désir précoce de réforme ecclésiastique. »


    Reproduction de l'illustration, légendée Sleep and Love, de la page 92 de l'ouvrage intitulé : Wine, Women and Song.

    L'illustration de ce paragraphe est constituée
    d'une reproduction de la gravure de la p. 92 de l'ouvrage,
    légendée « Sleep and Love » (Sommeil et Amour).
    L'ouvrage comporte 6 illustrations, reproduisant
    des gravures sur bois issues de « Navis Stultifera »
    (La Nef des fous) de Sebastian Brandt ;
    citation de la mention figurant à la fin de la table des matières,
    à la suite de la liste des illustrations : « The above six woodcuts
    are reproduced from the "Navis Stultifera" of Sebastian Brandt,
    first Latin edition, 1497. ».

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  • Auteur : Xxx.
  • N.B. : numérisation : MDZ (MünchenerDigitalisierungZentrum) ; conservation : Bayerische StaatsBibliothek ; téléchargement depuis : digitale-sammlungen.de.

    LIBERTINAGE — (++++) —

    « […]. Édition originale, très rare. Ouvrage cité dans le Dictionnaire des Imprimeurs au nom de : Veuve Bienvenu Pierre-Jacques, Libraire à Paris, dans la liste des livres prohibés ou imprimés sans permission. Ce qui lui coûta d'être détenue au For-Lévêque par Arrêt du Conseil en 1746. Vignette de titre figurant 2 tourterelles dans un nid. […] En contant l'histoire de sa propre vie, le narrateur cherche à prouver sa thèse des trois voluptés : le libertinage, le goût et le cœur. Ce livre libertin raconte ainsi l'achat d'une jeune fille pure encore au couvent pour 1000 pistoles, dont le narrateur se lassera après l'avoir utilisée pendant 3 années, et la mariera pour s'en débarrasser et être libre d'aimer une courtisane et femme du grand monde, jusqu'à s'en lasser rapidement également. Enfin sa troisième liaison illustre la troisième volupté, celle du cœur. Joli roman dont la fine psychologie est fort proche de Crébillon fils. »

    (Extrait d’une annonce [de la Librairie Le Feu Follet, 31 Rue Henri Barbusse, 75005 Paris], référencée 66814, consultée le 07-07-2024 [à cette date il est mentionné que l’ouvrage en question est déjà vendu] sur le site Internet https://www.edition-originale.com).


    Pour en savoir un peu plus relativement à cet ouvrage et aux conséquences de sa parution et de sa diffusion (a priori en 1746), nous vous invitons à lire l’article suivant (rubrique 163 d'un dictionnaire relatif aux imprimeurs, libraires et gens du livre à Paris au XVIIIe siècle — ce dictionnaire qui se trouve évoqué supra:

    « 163 BIENVENU Pierre Jacques, veuve —

    LIBRAIRE

    Nom de jeune fille : Claude Crespy.

    Naissance vers 1706 à Paris.

    Père : rôtisseur à Paris.

    Décès le 15 novembre 1776.

    Descendance : la veuve Bienvenu a quatre enfants dont, selon d’Hémery, « plusieurs filles, qui lui donnent bien de l’embarras ».

    Activités professionnelles (vers 1740 – 1776)

    Adresse(s) : quai des Augustins (1742) ; dans le jardin du Palais Royal, au-dessous du café de Foy (1744), elle demeure alors rue Saint-Honoré, près les prêtres de l'Oratoire ; quai de Conti, au bout du Pont-Neuf à l'enseigne du Palais Royal (1746-1749) ; quai des Augustins (1750) ; rue du Hurepoix, dans une maison avec boutique et arrière-boutique dont elle est locataire en 1754.

    La veuve de Pierre Jacques Bienvenu succède à son mari, décédé vers 1740. Quelques temps après, elle est condamnée avec la veuve Pissot, par arrêt du Conseil d'État du 22 février 1742, pour avoir diffusé des livres imprimés sans permission. On la soupçonne à plusieurs reprises de diffuser des imprimés clandestins. En octobre 1742, elle est suspectée d'avoir fait imprimer Mahomet1 et La Relation de Prague2. Le 31 août 1744, elle est arrêtée sur plainte de Voltaire et conduite au For-l’Évêque pour avoir vendu une Ode sur le Roi, faussement imprimée sous le nom du philosophe3. Elle prétend en avoir acheté vingt-cinq exemplaires à six sols pièce à un abbé qu’elle ne connaît pas. Elle est mise en liberté le 12 octobre 1744, à condition de ne plus exercer au Palais-Royal.

    Le 28 juillet 1745, on saisit plusieurs exemplaires de livres prohibés, qu’elle débitait chez elle ou au Palais-Royal. Le 18 mai 1746, une nouvelle perquisition dans sa boutique aboutit à la découverte de nombreux livres prohibés ou imprimés sans permission, notamment Les Trois voluptés, Gaudriole, le Catéchisme des francs-maçons4. Elle est détenue au For-l'Évêque et, par arrêt du Conseil du 7 août 1746, condamnée à 500 l. d'amende et à la fermeture de sa boutique pendant quatre mois. À la suite d'une perquisition effectuée les 15, 17 et 18 novembre 1747 dans un cabinet de la maison des Carneaux, rue des Déchargeurs, que lui loue son beau-frère, teinturier et traiteur, elle est condamnée à nouveau, par arrêt du Conseil d'État du 14 décembre suivant, à 1 000 l. d'amende et déchue « pour toujours » de la librairie, pour avoir fait imprimer furtivement des ouvrages prohibés et contraires aux bonnes mœurs. Elle les entreposait dans la maison des Carneaux et dans sa boutique du quai de Conti. Elle était alors apparemment associée à Fréville dans la maison duquel tournait une imprimerie clandestine, cul-de-sac Pecquet, près de la rue des Blancs-Manteaux. C'est là qu'avaient été imprimés tous ces ouvrages, parmi lesquels : les Mémoires secrets pour servir à l'histoire de Perse, la Bibliothèque des damnez et Le Parfait maçon5. Les ouvrages saisis sont mis au pilon « en la Chambre syndicale ». Il semble que la veuve Bienvenu ait aussi été en relation à cette époque avec d’Allais, vigneron à Clamart, et sa femme Reine Michelle Abraham, blanchisseuse, chez lesquels la police saisit, le 4 octobre 1747, plusieurs ballots d'imprimés contenant mille exemplaires de l’Amusement philosophique sur le langage des bêtes du P. Bougeant, publié sous l'adresse « Amsterdam, aux dépens de la Compagnie », 1747.

    En dépit de son interdiction, la veuve Bienvenu s'adresse directement au chancelier d'Aguesseau qui suspend l'exécution de l'arrêt rendu contre elle. Elle est de nouveau inquiétée en 1748 pour une édition des Œuvres de Grécourt saisie chez elle et qu’elle avait entreprise, selon ses dires, « pressée par des billets de commerce qu'il fallait acquitter sans un fond réel » alors qu elle était chargée de quatre enfants en bas âge6.

    Fonds de librairie

    Si la veuve Bienvenu s'illustre surtout dans la diffusion des éditions clandestines, elle publie aussi, de façon plus officielle, quelques titres sous son propre nom, par exemple : Les Soirées de Mademoiselle *** [par Gaussin], 1741 ; Mérope, tragédie de M. le marquis Maffei, nouvellement traduite, parM. l'abbé D. [Du] B. [Bourg], 1743 ; La Bataille de Laufel, poème en III chants [par Causv], 1747.

    Fortune

    La veuve Bienvenu n'est imposée qu'à 6 l. de capitation en 1740. En octobre 1750, le libraire Jean Noël Leloup, un de ses voisins du quai des Augustins, dépose plainte contre elle à la suite d'insultes qu’elle a proférées contre son épouse. Il souligne dans sa requête que « la situation défavorable de la d. Bienvenu l'authorise joumelement a invectiver les uns et les autres, parce que ceux qui la poursuiveroient en justice réglée, n'en retireroient jamais leur frais »7.

    Références

    Sources manuscrites

    AN, MC : C/619 (bail, 10.11.1754).

    APP : AA 7 (543).

    Arsenal Ms. : 10300 ; 11546, f° 315-342.

    BNF Ms. : fr. 21858, f° 96 ; 22068 (9) ; 22092 (2, 28, 29, 56, 58) ; 22106, f° 238 ; 22176 (119, 133) ; n.a.f. 1891, f° 395.

    Bibliographie

    BN Opale Plus 2005 ; Lottin ; Préaud, Dictionnaire, p. 91-92; Ravaisson, XII. p. 225, 250-251, 275, 288-291, 300-301, 442-443 ; Zéphir, p. 243-244.

    Notes

    1. Mahomet, tragédie par M. de Voltaire. Représentée sur le théâtre de la Comédie- Françoise, le 9 août 1742. Il s'agit peut-être de l'édition publiée sous l'adresse de Bruxelles. 1742, 8°, 72 p.

    2. La Relation de Prague n'a pu être identifiée de façon certaine. Il pourrait s'agir de la Relation du siège de Prague par un officier principal qui a été dans la ville pendant le siège, pièce dont une édition est imprimée en 1742 à Lille, ou de la Lettre d'un officier de l'armée de M. le maréchal de Broglie, contenant la relation de ce qui s'est passé à Prague, depuis le six juillet dernier jusqu'à la levée du siège, [s. 1. n. d.]. 8°. pièce.

    3. Ode sur les conquêtes du Roi. par M. de Voltaire. À La Haye, chez Pierre Paupie. 1744. 4°, 7 p.

    4. Les Trois voluptés, [s. 1.], 1746, in-12 ; Gaudriole. Conte, La Haye, J. Beauregard, 1746, in-16 ; Catéchisme des francs-maçons, précédé d'un Abrégé de l'histoire d'Adoniram […] et d'une Explication des cérémonies […] à la réception des maîtres […] par Léonard Cabanon [Louis Travenol], Jérusalem, l'auteur ; Limoges, P. Mortier, 1440 depuis le déluge (1740), in-12.

    5. Les Mémoires secrets pour servir à l'histoire de Perse ont été attribués à différents auteurs, en dernier lieu à François-Vincent Toussaint ; Les Nouveaux appelans ou la Bibliothèque des damnez. Nouvelles de l'autre monde, par Jean-Baptiste Willart de Grécourt, une édition [s. 1., 1732], signalée dans BN Opale Plus ; Le Parfait maçon ou les Véritables secrets des quatre Grades d'Apprentis, Compagnons, Maîtres ordinaires et Écossais de la Franche Maçonnerie, [s. 1., 1744].

    6. Lettre à Berner, citée par Ravaisson. XII, p. 300-301.

    7. BNF Ms. : fr. 22068 (9). requête de Leloup au lieutenant de police contre la veuve Bienvenu.

    (In : Frédéric Barbier. Sabine Juratic. Annick Mellerio. Histoire et civilisation du livre – 30 – Dictionnaire des imprimeurs, libraires et gens du livre à Paris – 1701-1789 – a-c. Avec la collaboration de Marie-Cécile Anfray, Nathalie Rénier, Marie Trombert, Françoise Weil, et Micheline Zéphir-Eymerie. Genève : Droz, 2007. P. 238-241).

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  • Auteur : Jacques Casanova de Seingalt (Giacomo Casanova).
  • Giacomo Girolamo Casanova (naissance le 2 avril 1725 à Venise ; décès à Dux, en Bohême, le 4 juin 1798) était le fils aîné d’un comédien de Venise, Gaetano Casanova, et de la fille d’un cordonnier, Zanetta Farussi, qui devint elle-même actrice.

    D’une santé délicate lors de son enfance, il est élevé par sa grand-mère maternelle jusqu’en 1734, ses parents se trouvant souvent en déplacement. Jusqu’en 1742 il se consacre à des études, en l’établissement de l’abbé Gozzi, ensuite à l’université de Padoue (mathématiques, philosophie, droit…) où il obtient un diplôme de doctorat en droits, civil et canonique.

    Après une carrière des plus brèves dans les ordres mineurs du clergé, il fut contraint de quitter son état ecclésiastique. Il quitta l’Italie, et mena une vie aventureuse, en ayant des activités multiples, parfois peu recommandables, une vie aux innombrables aventures galantes.

    Il voyagea donc, vint à Paris, retourna à Venise où il fut incarcéré (il lui fut reproché impiété et pratiques magiques) revint à Paris, parcourut l’Europe…

    En septembre 1785 il fut accueilli par le comte Joseph Karl von Waldstein, dont il devint le bibliothècaire. Après avoir rédigé ses mémoires, en langue française (qui furent publiées sous le nom de Jacques Casanova de Seingalt — « chevalier de Seingalt » : pseudonyme que Casanova semble avoir utilisé fréquemment), il mourut, le 4 juin 1798.


    N.B. : numérisation : Internet Archive ; conservation : The Library of the University of Toronto ; téléchargement depuis : archive.org.

    MÉMOIRES - AUTOBIOGRAPHIE — (+++) —

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